HOMMAGE
À CLAIRE LEMAY
(1929-2020)
Nous sommes tous réunis aujourd’hui pour commémorer le départ de Claire (l’épouse, la mère, « Clairouche » comme l’appelait affectueusement son père Laurent) et lui témoigner notre amour et notre affection. Merci à tous d’être avec nous aujourd’hui.
Née à
Québec, un vendredi 13, et oui, un vendredi 13! de décembre 1929, Claire
était la fille de Antonia Fiset et de Laurent Lemay. Elle était la quatrième
d’une famille de 6 enfants, 3 garçons et 3 filles. Elle était la sœur de Raymond,
Rita, Jacques, Denise et André. La famille Lemay a résidé en logement dans le
quartier Limoilou, puis à St-Sauveur sur la rue Langelier, en bas de la côte
Salaberry, par la suite ils ont déménagé sur la rue Jeanne-D’arc
pour finalement élire domicile dans le quartier St-Sacrement dans une maison
que Laurent et Antonia ont fait construire sur la rue Montmorency (aujourd’hui
renommée rue Barin). Claire a vécu sur la rue Montmorency de son adolescence jusqu’à
ce qu’elle se marie.
Dans
sa jeunesse, Claire était une jeune fille active et sportive. Elle pratiquait
plusieurs sports comme la bicyclette, le patin artistique et elle jouait au
badminton au niveau provincial. Elle était bien fière de remporter des trophées
lors de championnats provinciaux, et avec raison. Plus tard Claire s’est
initiée au ski alpin et, vers la quarantaine, elle s’est mise au ski de fond
avec sa sœur Denise qui avait fondé un club de ski de fond à Lévis. Vers la
cinquantaine Claire est revenue à la pratique de son sport favori et a fait
partie d’un club de badminton à Lévis.
Claire
a fait des études commerciales en anglais à l’Institut Maria à Québec. Son
premier emploi était commis de bureau pour l’entreprise SuperLine
Tanning. Par la suite, elle a occupé les fonctions de
secrétaire pour la compagnie de finances Canadian Acceptance. Claire aimait
beaucoup travailler et acquérir de l’indépendance financière. Occuper un emploi
c’était important pour elle; travailler la stimulait dans sa vie de jeune
femme.
Dès la
vingtaine, Claire a appris à conduire l’auto. Son père Laurent lui prêtait sa
voiture, entre autres pour faire les courses de la maisonnée. Pour une jeune
femme de l’époque, c’était tout de même avant-gardiste qu’elle conduise
l’automobile. D’ailleurs, c’est maman
qui m’a appris à conduire lorsque j’avais 16 ans. Dans les dernières années,
lorsque je l’emmenais en ballade, elle me disait chaque fois comment elle
trouvait que je conduisais bien, que j’étais prudente et qu’elle se sentait en
sécurité. Et moi de répondre : c’est toi qui m’as appris à conduire, faut
croire que j’ai eu un bon professeur ! Ça la faisait sourire immanquablement.
Claire
a toujours eu une énergie débordante, elle était débrouillarde, organisatrice,
fonceuse, avait du caractère, certains diront en bon québécois qu’elle avait de
la « drive ». Elle était également une femme généreuse.
Dans
sa jeune vie d’adulte, Claire a eu quelques prétendants. Avec son joli minois, sa
pétillante et charmante personnalité, elle se faisait courtiser sans peine. Lorsqu’un
jour Claire fait la rencontre de Jean-Guy dans les estrades de l’aréna, son
cœur fut assez vite conquis, et ce, pour toujours. Claire et Jean-Guy se sont
rencontrés à l’âge de 23 ans.
Tous
les deux prenaient le même circuit d’autobus pour aller au travail. Claire était
dans l’autobus qui se rendait aux coins des rues Belvédère et de la Côte de la
Pente douce, là où Jean-Guy embarquait. Claire s’assoyait toujours du côté
droit de l’autobus pour être certaine de voir son Jean-Guy sur le trottoir, et
si Jean-Guy ne voyait pas Claire à travers la vitre, il attendait le bus
suivant pour être certain de rencontrer sa dulcinée. Leurs fréquentations ont
donc commencé dans un autobus de la Ville de Québec. On n’était pas à l’ère de
Réseau Contact ni de Tinder. Vive les autobus pour rencontrer l’amour! Maman nous
a dit à quelques reprises, lorsqu’elle racontait ses premières fréquentations
avec papa, qu’elle trouvait Jean-Guy bien séduisant, mais renotait qu’il avait
un gros nez, qu’il était bien poli et courtois car il retenait toujours la
porte battante de l’autobus quand elle débarquait. Tout un
« cruiser » son Jean-Guy!
Ils se
sont fréquentés pendant 2 ans puis se sont fiancés le 10 avril 1955. Ils ont
convolé en justes noces le 12 septembre de la même année, en l’église
Saint-Sacrement, à 9 h 30 le matin. Les deux tourtereaux n’étaient pas trop
nerveux de se marier car la veille de leurs noces ils sont allés au cinéma
Empire en soirée voir le film « The best years of our life ». Claire et Jean-Guy, ils aimaient ça faire des
sorties et profiter de la vie; cela sera leur leitmotiv de couple, toute leur
vie durant.
Pour
leur voyage de noces, destination New-York. Tout un périple pour l’époque. Jean-Guy
possédait une Chevrolet ’49 transmission manuelle et, rendus à la frontière
américaine, l’auto est tombée en panne. Ce sont les douaniers américains qui
ont poussé la Chevrolet, juste après avoir passé la frontière. Heureusement pour les jeunes mariés, sur
l’élan de la poussée, la voiture a redémarré et ils ont pu poursuivre leur chemin
jusqu’à New-York. Comme quoi quand on est heureux et en amour, rien ne peut
nous arrêter. Le reste de leur voyage de noces s’est déroulé au diapason de
leurs attentes, dans le bonheur complet.
Au
début de leur mariage ils ont rapidement élu domicile à Sherbrooke car Jean-Guy,
qui travaillait pour la Banque Nova Scotia, a été transféré et a occupé un
poste de comptable à la succursale de Sherbrooke. Ils ont résidé dans cette
ville de 1955 à 1957. Par la suite, encore en raison d’un changement
d’assignation de travail pour Jean-Guy, maintenant promu gérant de banque, ils
ont déménagé à Ste-Marie de Beauce et y ont résidé de 1958 à 1959.
Maman nous
a déjà confié qu’elle aurait aimé reprendre le travail au début de leur
mariage, et aussi plus tard, elle ressentait le besoin d’indépendance et de se
réaliser ailleurs qu’à la maison. Toutefois, à cette époque, lorsqu’on tombait
enceinte on perdait son emploi et les responsabilités de la famille :
tenir un foyer, éduquer les enfants, revenaient à la femme, un emploi à temps
plein quoi! Elle était tout de même heureuse d’être mère et de la vie qu’elle
menait.
En
1960, Claire et Jean-Guy s’établirent à Lévis et y sont restés pour toujours.
De leur union naquit 4 filles : Lynda, Dorice, Marie-Josée et Isabelle.
Bien oui, que des filles! Mes sœurs et moi avons surtout vécu notre enfance sur
la rue St-Augustin à Lévis et plus tard sur la rue Labrie. De beaux souvenirs
de voisinage pour toute la famille sur la rue St-Augustin.
Claire
et Jean-Guy ont eu une vie sociale bien remplie. Ils avaient de nombreux amis
et faisaient partie du Club Optimiste de Lévis. Claire aimait beaucoup les
sorties au restaurant, les spectacles en tout genre (opéra, comédie musicale,
chanteurs et chanteuses pop de l’époque). Tous les deux aimaient voyager. La
carrière de Jean-Guy leur a permis de réaliser de beaux voyages à travers le
monde. Ils ont voyagé au Canada, entre
autres dans l’Ouest Canadien, aux Etats-Unis comme la Floride, Hawaï; ils ont
aussi voyagé en Europe : France, Angleterre, Espagne, Portugal, Italie,
Autriche, Allemagne, Grèce. Ils sont allés également au Mexique et ont visité
le Maroc. Dans le diaporama souvenir de maman, présenté aujourd’hui, il y a une
photo de la belle Claire à Acapulco, tout sourire, faisant du « parasail » ou du parachute ascensionnel, et une autre
photo au Maroc où elle fait une excursion à dos de dromadaire. Pour Claire, à
cette époque, faut tout essayer, surtout ne pas avoir de regret.
Claire
voyage aussi sans Jean-Guy. Elle organise des voyages avec des amies. Elle se rend
quelques fois aux Etats-Unis en auto et est la chauffeure attitrée du clan, car
seule Claire avait le sang-froid et le « guts »
de s’aventurer sur les autoroutes américaines.
Maman
a mentionné souvent qu’elle avait profité de la vie à travers les voyages. Elle
a bien fait de s’éclater à chacun de ces voyages car le 3e âge lui
réservait autre chose, une grande diminution de ses capacités.
Les
problèmes de santé ont commencé sérieusement aux alentours de l’an 2000 avec
une maladie du sang. Puis l’arthrose et l’ostéoporose sévères ont été très
ravageurs au cours des vingt dernières années. De terribles douleurs et
limitation dans ses activités. En 2015, une pneumonie foudroyante l’a presque
tuée. Contre toute attente, elle s’en est remise, mais avec une santé frêle,
une santé hypothéquée pour le reste de ses jours.
Le 25
janvier 2019, il y a 1 an, tout a basculé pour le pire. Chute, fracture du
fémur, artère bouchée dans la jambe fracturée, longue hospitalisation, de
nombreuses complications qui se sont enchaînées en rafale, des souffrances jour
après jour, et Claire a perdu son autonomie complètement. Elle a connu un peu
de stabilité au cours de l’automne dernier mais sans vraiment remonter la côte.
Elle a
eu 90 ans le 13 décembre. A son réveil le 13 au matin, la première chose
qu’elle a dit à sa fille Marie-Josée : je me suis rendue! Elle avait comme objectif, selon nous, de se
rendre à 90 ans. Elle trouvait que ce chiffre était un accomplissement; avoir
90 ans avait une symbolique spirituelle pour elle.
Pendant
les Fêtes, d’autres complications de santé sont survenues et cela a eu raison
de sa ténacité et de son moral. Le 9 janvier dernier elle était consentante à être
transportée à l’hôpital, elle s’était résignée et lâchait prise face à la
maladie. Elle a reçu les soins confort à l’Hôtel-Dieu de Lévis et elle est décédée
dans la nuit du 10 janvier.
Chère
petite maman, nous saluons le courage dont tu as fait preuve au cours de la
dernière année si éprouvante. Comme tu en as enduré! Comme nous étions impuissants dans notre aide
à domicile! Tu as tout notre respect pour ta lutte acharnée. Tu es allée aux
limites de ton petit corps.
Toi
qui aimais voyager, maintenant nous espérons que tu profites sereinement de
cette nouvelle aventure de la vie après la mort. Pour toi, c’est le début d’un temps nouveau. Tu
continueras de vivre avec nous, en nous, car nous chérissons des beaux souvenirs
de toi.
T’inquiètes
pas pour ton Jean-Guy, on va en prendre bien soin.
Les personnes chères ne nous quittent jamais.
Les beaux souvenirs nourrissent l’âme.
Dorice
Marie-Josée
Isabelle